Un service bancaire très fréquent risque de bientôt disparaître en raison des importantes fraudes qu’il génère.
Les Français sont les champions des chèques en Europe. Selon des chiffres publiés par la Banque centrale européenne, 88 % des chèques émis dans l’Union européenne sont d’origine française. En d’autres termes, les Français sont les derniers à encore utiliser ce moyen de paiement abandonné depuis longtemps par ses pays voisins.
Un taux d’autant plus étonnant que l’usage du chèque a chuté en France ces dernières années. Alors qu’ils représentaient encore plus d’un paiement hors espèces sur 4 en 2006 (26 %), les chèques ne constituaient plus que 3 % d’entre eux en 2022, selon des données publiées par la Banque de France. Ce moyen de paiement ne disparaît donc pas qu’en Europe, mais aussi en France. Une chute au profit, essentiellement des paiements par carte, des virements et des prélèvements.
Pour autant, si le volume total des chèques a très nettement diminué, il s’agit encore d’un moyen de paiement utilisé de manière ponctuelle par les Français. C’est le cas, par exemple, pour payer les travaux réalisés par un artisan, verser de l’argent à une association ou encore payer certains médecins qui ne disposent pas d’un terminal de paiement par carte bleue. Un usage qui persiste également pour une autre raison : contrairement à d’autres moyens de paiement, le chèque ne fait l’objet d’aucun plafonnement. Il permet donc de payer des sommes d’un montant souvent important.
Le chèque ordinaire est pourtant un moyen de paiement que les banques voudraient généralement voir disparaître. Il leur coûte en effet des frais de traitement élevés, aussi bien lors de leur réception qu’au moment de leur envoi par chéquiers. Et c’est justement ces envois de chéquiers par la Poste qui posent problème pour la Banque de France. Selon elle, la fraude liée au vol de chéquiers dans les boites aux lettres ou les centres de tris postaux représente plusieurs centaines de millions d’euros par an ! D’après les derniers chiffres publiés par l’organisme, le montant du préjudice aurait ainsi atteint 395 millions d’euros en 2021.
Le service de surveillance des paiements de la Banque de France invite ainsi les banques à mettre fin à l’envoi des chéquiers par courrier pour privilégier la remise en agence. Une pratique qui permettrait ainsi de sécuriser leur remise au client en évitant les vols, mais qui mettrait fin à un service rendu jusqu’à maintenant par les établissements bancaires.
Les envois de chéquiers par la Poste pourraient donc bientôt disparaître dans les mois et les années à venir. Une mesure qui devrait à nouveau réduire l’usage de ce moyen de paiement qui, bien que devenu rare, reste encore utilisé de manière ponctuelle par une grande partie des Français.